• J'ai (très) mal au travail

    Un film de Jean-Michel Carré dénonçant la diversité des souffrances au travail. Cette dénonciation prend place dans une démonstration plus générale sur les méfaits du capitalisme et le consentement du citoyen-consommateur, qui accepte ces souffrances pour pouvoir consommer (et s'endetter).

    sortie en salle le 31/10/07; France; 1h30

     


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  • Entretien réalisé par Philippe Grangereau et publié le 05/11/07 dans Libération

    Robert Reich est clairement classé à gauche aux Etats-Unis. Il a combattu les délocalisations et défendu le salaire minimum et la responsabilité sociale des entreprises. Mais dans son dernier livre, Supercapitalism, il en a surpris plus d'un. Le capitalisme ne va pas forcément de pair avec la démocratie, alerte-t-il. Il la mine. Selon lui, les coupables ne sont pas seulement les grandes entreprises. Ce sont les individus.

    Avons-nous vendu notre âme au capitalisme ?

    Pas en tant que citoyens, mais en tant que consommateurs et investisseurs, oui. Sans le savoir, à chaque fois que nous cherchons la bonne affaire, en faisant nos courses ou en investissant à la Bourse, nous affaiblissons indirectement le contrat social et sacrifions une partie des valeurs auxquelles nous sommes attachés en tant que citoyens. Car d'où viennent ces bonnes affaires ? D'entreprises en très forte concurrence qui, pour répondre à notre demande, baissent les coûts salariaux, délocalisent et polluent l'environnement. Si nous voulons réduire les inégalités, retrouver la stabilité de l'emploi et de meilleurs salaires, ainsi que combattre le réchauffement climatique, nous devons accepter de faire de moins bonnes affaires.

    Nous n'avons pourtant pas le sentiment d'avoir été achetés. Que s'est-il passé ?

    L'affaiblissement de la démocratie face au capitalisme commence dans nos têtes. Par exemple, mon cerveau de consommateur commande des livres en ligne, parce que c'est moins cher et plus pratique, mais mon cerveau de citoyen défend par principe les petites librairies indépendantes. J'achète les billets d'avion les moins chers, et pourtant je soutiens les revendications des travailleurs aériens syndiqués. D'autres font leurs courses à Wal-Mart tout en diabolisant cette entreprise comme le pire des employeurs. Le problème, c'est que nous ne faisons pas attention à cette dissonance.

    Et qui gagne ?

    Dans ma tête, comme dans le monde entier, c'est le consommateur. Traditionnellement, nous utilisons le processus démocratique pour régler cette dissonance. Si nous voulons augmenter le salaire minimum, soutenir les syndicats, défendre le petit commerce, protéger l'environnement, nous votons des lois. Nous décidons des règles du jeu pour les entreprises. Le problème est que le supercapitalisme a réussi à infester le processus démocratique à travers les lobbyistes. Les entreprises se livrent une bataille sans merci pour gagner des avantages compétitifs sur leurs rivaux à travers les politiques publiques. Une vraie course à l'armement.

    Est-ce vraiment nouveau ?

    Ce n'était pas le cas dans les trente années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale : nous avions des oligopoles de trois ou quatre entreprises. Que ce soit dans l'automobile, la téléphonie ou la banque. Elles n'avaient pas à se battre pour s'arracher les consommateurs et les investisseurs. A partir des années 70, et ça s'est accéléré dans les années 80 et 90, les télécommunications et les transports ont globalisé les marchés et exacerbé la concurrence. A Washington, les lobbyistes sont passés d'une poignée à 35 000 aujourd'hui et dominent le processus politique. Même Google a ses lobbyistes. Les citoyens n'arrivent plus à se faire entendre par-dessus cette cacophonie.

    Entretien réalisé par Philippe Grangereau et publié le 05/11/07 dans Libération

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  • Voici un extrait des propos tenus par Bernard Stiegler sur France Culture (Emissions Sciences et conscience) le jeudi 26 octobre 2006:

    "Le populisme industriel, c'est lorsque nous produisons des individus qui ne fonctionnent plus que comme des limaces. (...) Qu'avons-nous en commun avec les limaces ? Beaucoup de choses. Nous sommes de êtres vivants, nous nous reproduisons, nous avons besoin de manger, d'oxygène etc. Nous avons en commun avec la limace, ce qui n'est pas le cas avec le tournesol par exemple, un système nerveux. Nous avons un cerveau, des neurones...la limace aussi ! Nous pouvons parfaitement redevenir des limaces. C'est le conditionnement (...) qui permet par exemple de nous faire nous comporter comme des animaux dans des comportements de foules mimétiques, grégaires. Et donc jamais il n'est acquis que nous nous comportons humainement (...)

    Aujourd'hui la tentation est de soumettre le monde entier, toutes les consciences, d'en détruire le caractère conscientiel, c'est-à-dire ce qui permet à chacun de nous d'être une singularité, de se distinguer de tout autre, d'avoir son libre arbitre, de pouvoir faire des choix, et donc de pouvoir être un être démocratique, un citoyen qui a un rôle dans la vie collective. Il y a aujourd'hui le danger de supprimer cette conscience, de supprimer cette dimension, parce qu'aujourd'hui le capitalisme a besoin de contrôler les comportements. Pour contrôler les comportements, il a développé des techniques de captation du désir, de massification de ce désir. Cette massification du désir a abouti progressivement à une destruction du désir parce que c'est une destruction de la singularité. Or sans singularité il ne peut pas y avoir de désir et du coup on arrive à ce que j'appelle aujourd'hui un capitalisme pulsionnel, à une télévision pulsionnelle, et même à une politique pulsionnelle. Nous voyons bien qu'en ce moment ce qui constitue le fond des débats politiques, c'est de la pulsion.

    Au moment où nous avons plus que jamais besoin d'intelligence. Les énormes besoin que rencontre la planète : les problèmes climatiques, la pollution, les problèmes démographiques, les questions de santé dans le Sud, en particulier en Afrique, la maladie mentale qui progresse à toute vitesse dans nos pays, le désarmement psychique des enfants et des adolescents (qui ne reconnaissent plus leurs parents comme parents, qui ne reconnaissent donc plus les flics non plus, qui ne reconnaissent plus rien) c'est nous qui sécrétons toute cette situation.

    C'est la domination d'une bêtise organisée par l'exploitation de technologies qui devraient être et qui pourraient être au service de l'élévation. Aujourd'hui on ne peut lutter contre les ravages de toutes ces technologies de contrôles. On parle beaucoup de la télévision mais il y a tout ce qui s'annonce demain avec les micro-technologies et après-demain avec les nano-technologies qui sont des technologies d'une efficience extraordinairement grandes. Ces ravages-là, qui pourraient devenir encore bien plus grands que ceux que l'on connaît, la seule solution pour lutter contre eux c'est de s'approprier ces technologies."

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  • Une étude des Nations unies sur le patrimoine des ménages confirme le gigantesque écart entre les niveaux de vie sur la planète. Selon ce document, publié mardi 5 décembre, 2 % de l'humanité concentre 50 % du patrimoine de la planète, alors que la moitié de la population mondiale n'en détient que 1 %. "Cette étude montre que les inégalités de patrimoine sont encore plus grandes que les inégalités de revenus", a souligné, mardi, le directeur de l'Institut mondial de recherche sur l'économie du développement de l'université des Nations unies. Pour réaliser cette enquête, la plus exhaustive jamais réalisée sur le patrimoine des particuliers, les chercheurs ont fait la somme des actifs de chaque individu adulte moins ses dettes, en tenant compte des taux de change et du pouvoir d'achat. Les revenus ne sont pas pris en compte. 500 000 DOLLARS POUR LE 1 % DES PLUS RICHES Le document de l'ONU indique qu'un patrimoine personnel de 2 200 dollars (1 650 euros) ou plus permet de faire partie des 50 % des personnes les plus riches au monde. Il faut posséder 61 000 dollars (45 758 euros) pour compter parmi les 10 % des personnes les mieux dotées, et 500 000 dollars (375 065 euros) pour accéder au club très fermé du 1 % des individus les plus fortunés. L'étude confirme également la concentration de la richesse dans les pays les plus développés, le quart des 10 % des personnes les plus riches vivant aux Etats-Unis. Arrivent ensuite le Japon, l'Allemagne, l'Italie, la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne. Au total, l'Amérique du Nord, l'Europe et les pays à hauts revenus d'Asie-Pacifique possèdent 90 % des biens mondiaux. Enfin, la concentration du patrimoine à l'intérieur d'un même pays est également très forte. "La part de richesse détenue par les 10 % les plus riches s'échelonne d'environ 40 % en Chine à 70 % aux Etats-Unis", précise l'étude. En 2000, année de référence de l'étude, 499 personnes dans le monde étaient milliardaires en dollars, et 13 millions étaient millionnaires. www.lemonde.fr

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  • Les réseaux financiers sont de plus en plus complexes, opaques. Les investisseurs souhaitent des bénéfices de plus en plus importants et de plus en plus rapides. Peu importe que l'entreprise dans laquelle ils placent leurs fonds ne respecte pas les droits humains ou soient une menace directe pour la planète, pour investir le critère principal, c'est le fric. Le responsabilité des paradis fiscaux dans cet emballement financier, et dans le financement des organisations mafieuses et terroristes, est flagrante.

    Dans l'affaire Clearstream, le seul mis en examen est le journaliste indépendant Denis Robert qui a révélé le scandale...

     

    http://www.ladominationdumonde.blogspot.com/

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